Une vie en rôle
Théâtre Le Verbe Fou (Avignon)
juillet 2007 Spectacle
de théâtre-musical conçu,
mis en scène et interprété
par Hélène Vautrin accompagnées
par Myrtille Bastard au piano et Arnaud Piquerez
à la contrebasse (Compagnie Afikamaya)
La toute jeune compagnie avignonnaise Afikamaya
(quelques mois d'existence), issue du Conservatoire
d'Avignon, présente une création
originale d'après des textes de Jean-Luc
Lagarce, Enzo Cormann ou Héléna
Vautrin, à l'origine de ce projet.
Une pianiste, un contrebassiste dans le décor d'un cabaret 1930 (suggéré par la lumière et quelques accessoires). Elle est de dos sur un tabouret. Les instruments commencent à résonner et elle, à raconter. Vêtue d'une robe légère, elle va incarner successivement plusieurs destins de femmes, de la fille du peuple à la (fausse) femme du monde.
Simple et sincère dans le halo des projecteurs, elle parle de la vie d'artiste. Tour à tour enjôleuse, espiègle, rêveuse, grave et puis tellement lucide, elle dit tout : l'attente d'un rôle (le plus minime soit-il), les rêves qui, peu à peu, se brisent, et comment l'on maquille ses larmes en rire. Car dans tous les cas, le spectacle doit continuer.
Elle, au final, n'est qu'une comédienne. Et elle le dit si bien. Et le témoignage paraît tellement authentique, l'angoisse tellement sensible qu'on en a le souffle coupé. Une petite boule arrive, discrète, du coeur à la gorge qui restera jusqu'à la fin.
Et on reste là, ne le quittant pas des yeux, vibrant avec elle à chaque respiration, recevant chaque mot et chaque regard... Dans cette petite salle du Verbe fou, Hélèna Vautrin, une nouvelle étoile est née...
Bouleversante
de sincérité, elle joue avec une
intelligence et une acuité prodigieuse,
passant en quelques secondes d'un sentiment à
l'autre. On pense à Romy Schneider dans
"L'important c'est d'aimer" pour l'émotion,
à Julia Roberts pour la simplicité
et la générosité, à
Arletty aussi pour la gouaille et la classe. Hélèna
ira loin, c'est plus qu'une certitude...
Il faut ici saluer le talent de Pascal Papini, au Conservatoire d'Avignon, qui a formé nombre d'excellents comédiens, Olivia Musitelli l'an dernier dans l'exquis "Pleure pas Lolie" en est l'exemple tout trouvé. C'est déjà une grande professionnelle grâce aussi à cet enseignement rigoureux.
Hélèna Vautrin sait également chanter, et divinement bien. C'est aussi un grand attrait de ce spectacle complet. Mais n'oublions pas non plus ses deux compères musiciens, Myrtille Bastard et Arnaud Piquerez, qui sont tous les deux également parfaits et pas étrangers à la magie de la représentation.
A la toute fin, cassée et désenchantée, elle dit au public : "Aimez-moi ! " Mais cette comédienne-là, on l'aime depuis le début... |